21.1.2025, Laurianne Altwegg
Le texte soumis au vote le 9 février 2025 demande que d’ici dix ans, la Suisse n’utilise pas plus de ressources naturelles que ce que l’environnement ne peut régénérer. Pour cela, elle propose une réforme fondamentale de l’économie afin que celle-ci respecte les neuf limites planétaires, dont six ont déjà été dépassées au niveau mondial. Explications.
Pour l’Alliance des organisations de consommateurs (FRC, Konsumentenschutz, ACSI), il est indispensable que l’économie respecte les limites planétaires. Il s’agit de la clé pour un monde qui reste vivable pour l’ensemble de la population. Le prix de l’inaction est déjà élevé avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, y compris en Suisse, et il ne fera qu’augmenter. Gaspillage alimentaire, dépendance aux énergies fossiles ou encore plateformes en ligne et marketing poussant à l’achat de produits inutiles et néfastes à l’environnement ou à la santé: la surconsommation dépasse de loin les besoins de la population. Le problème n’a pas été pris à sa juste mesure, alors que 70% de l’empreinte environnementale de notre consommation se produit à l’étranger.
L’initiative pose cependant des problèmes de mise en œuvre. D’abord, se référer aux limites planétaires est difficile, sachant qu’il n’existe pas de méthode de mesure validée au niveau mondial. Surtout, réformer entièrement l’économie en dix ans dans un monde où elle est globalisée, sans mettre à mal le tissu économique suisse par rapport aux marchés auxquels il est relié, relève de la gageure. D’autant que cela nécessiterait des mesures allant au-delà de ce qui est mis en œuvre par nos voisins au sein de l’Union européenne.
L’impact sur le porte-monnaie des ménages est également très difficile à évaluer, mais une augmentation des prix est vraisemblable. Un élément qui doit être sérieusement évalué dans un contexte où plus d’un ménage sur deux peine à finir le mois, selon les chiffres de ProFamilia. La manière de tenir compte de l’acceptabilité sociale pourrait de plus ne pas être à la hauteur des attentes des initiants.
Il règne également un flou et des risques pour l’agriculture suisse dans le cadre du respect de la limite concernant l’azote et le phosphore. Si la mise en place de mesures visant cet objectif est parfaitement justifiée, elle ne doit pas mettre en danger l’existence de la production agricole indigène et doit donc prendre en compte d’autres paramètres.
Ces éléments n’enlèvent rien au fait que le principe qui sous-tend l’initiative pour la responsabilité environnementale relève du bon sens. Les politiques actuelles ne permettant pas de répondre aux enjeux environnementaux et climatiques, l’Alliance valide le besoin d’un signal et de mesures forts cohérents avec la transition nécessaire de l’économie. Ceci dans un contexte où la Confédération coupe au contraire dans les budgets nécessaires à cette transition, avec un rétropédalage manifeste sur des mesures pourtant décidées par le peuple ou le Parlement (Loi sur le climat ou Loi sur l’économie économie circulaire, par exemple). Investir dans les activités économiques d’avenir, notamment la réparation, la réutilisation ou le développement de nouvelles filières et dans la relocalisation de certaines activités, est pourtant urgent et indispensable.


