2.10.2018
Les travaux pratiques de Sophie Michaud Gigon, Secrétaire générale de la FRC
Autant appeler un chat un chat: je me suis fait avoir, et de manière éclatante. Grosse colère contre l’injustice subie et incrédulité. En tant que Secrétaire générale d’une association comme la nôtre, il y a une certaine ironie, je vous l’accorde. J’aurais dû écouter mon intuition, faire confiance à mon sens de l’observation et ne pas me laisser presser par le temps.
En décembre 2017, j’ai versé plus de 22 000 francs sur le compte de l’entreprise générale AC Gestimmo pour la commande d’une cuisine. Oui, c’est un acompte plus qu’important, mais je connaissais la société: elle avait rénové mes sanitaires. Mon sens critique en a été émoussé. Durant le mois de juin, j’ai rempli des caisses tous les soirs et préparé le déménagement de toute la famille pour trois semaines de chantier.
Au moment de la remise des clés, voilà que la firme me dit être empêchée de venir et elle se met en silence radio. En consultant l’extrait de l’Office des faillites, je constate qu’AC Gestimmo a des poursuites… depuis 2015. Dans mon cas, elle n’aura jamais payé le fournisseur de cuisine avec mes sous, aucun matériel n’a donc été commandé.
Espoirs envolés, énergie et temps gaspillés, argent disparu. Juridiquement, je n’ai quasi aucune chance de revoir un centime. Nous sommes plusieurs à avoir été spoliés de cette manière, la FRC s’en est fait l’écho. Politiquement, les conditions-cadres ne sont pas acceptables. Car face à une faillite abusive (ou pas), le consommateur est presque totalement démuni. Il est le dernier des créanciers et a peu d’espoir de revoir son argent. Mais en plus, et là l’injustice est criante, l’entreprise peut repartir comme en 40, simplement en changeant de nom.
La Suisse facilite la création d’entreprises, gages de prospérité, mais en oublie les cautèles pour le consommateur qui se retrouve lésé. Ce système imparfait a même permis à certains d’élaborer la faillite abusive en modèle d’affaires. Les motions Hess et Feller demandent au Conseil fédéral d’agir, lequel veut réviser le droit des faillites. La FRC travaillera avec l’Office fédéral de la justice afin que les intérêts du consommateur soient pris en compte. Quitte à ne rien revoir, autant que la colère se mue en action et que les arnaqueurs aient à terme la vie moins facile.


