31.5.2016, Dominique Charmillot, avocat aux assurances du TCS / Les nuisances du chantier ne sont pas les seuls éléments pris en compte pour une réduction du loyer. KN/shutterstock.com
«Un gros chantier a été ouvert juste à côté de chez moi, occasionnant des nuisances nocturnes. Puis-je exiger une réduction du loyer?»
Le loyer peut être réduit quand l’usage pour lequel la chose a été louée est entravé par un défaut (Code des obligations, art. 259d). Ce défaut peut résulter de la chose elle-même, ou provenir du voisinage. Aussi le chantier voisin – qui provoque des poussières, des trépidations ou du bruit – peut-il représenter un défaut justifiant une telle réduction. Peu importe si le bailleur en est responsable ou pas: le Tribunal fédéral – 4C.219/2005 – a admis une réduction du loyer de 15% en raison de nuisances sonores causées par des travaux sur le béton et des jets à haute pression.
La réduction doit rester proportionnelle au défaut. On tient compte de la valeur de l’objet sans son défaut; sont également déterminantes les nuisances préexistantes, indépendamment du chantier, la distance d’avec le chantier, la durée des travaux, et s’il s’agit d’un logement d’habitation ou d’un simple atelier.
En définitive, le montant de la réduction dépendra de l’importance de l’entrave. Un bruit nocturne durable empêchant le sommeil est certainement un facteur de réduction du loyer, mais l’usage prévu doit être restreint de plus de 5% pour justifier une telle réduction (ATF 135 III 345).
Le locataire pourrait aussi, en théorie, réclamer un dédommagement auprès du propriétaire voisin. Mais on exige alors que les travaux entraînent des nuisances excessives et un préjudice important (comme lors de l’agrandissement d’une fabrique: ATF 83 II 384).



