4.6.2013, Aline Clerc / Photo: Jean-Luc Barmaverain
A quoi peut bien servir une étiquette-énergie, quand plus de 60% des Helvètes ne peuvent choisir leurs appareils ?
Economiser sur sa facture d’électricité? En théorie, rien de plus facile. Il suffit de choisir son électroménager sur la base de l’étiquette-énergie. Selon les chiffres du programme Suisse énergie, un réfrigérateur de classe A+++ consomme 50% de moins qu’un modèle A+, soit 360 francs en quinze ans, de quoi compenser totalement ou partiellement le surcoût à l’achat.
Cette théorie s’avère néanmoins inapplicable pour plus des 60% de locataires que compte la Suisse. En effet, les propriétaires décident et financent l’achat des appareils, tandis que les locataires assument les frais d’électricité qui en découlent. Ces derniers n’ont pas voix au chapitre sur le choix de leur équipement, comme le confirme François Zutter, avocat à l’Asloca-Genève. «Le droit du bail impose au propriétaire de remplacer un appareil défectueux par un produit équivalent, expli-que-t-il. Les aspects énergétiques n’entrent pas en ligne de compte. Et le remplacement ne donne pas le droit d’augmenter le loyer.» Le spécialiste ajoute que «le locataire peut essayer de négocier le choix d’un appareil efficient en proposant, par exemple, une participation financière unique».
Du côté des gérances et des propriétaires, le sujet ne semble pas à l’ordre du jour. «Nous n’avons pas réalisé de sondage; chaque régie est autonome et les contrats de gérance avec les propriétaires sont tous différents», indique Andreas Fabjan, secrétaire général de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier, à Genève. «Notre label vert prévoit d’autres mesures qui concernent les communs d’immeubles», ajoute-t-il. Nathanaël Herminjat, du centre Zug à Epalinges, constate que la politique des gérances est variable et que certaines acceptent d’installer l’appareil le plus économe, à condition que le locataire prenne en charge la différence de prix. «Pour les locatifs, relève-t-il, d’autres critères sont importants, comme la durée du cycle de lavage, qui doit être court dans les buanderies communes. Or un cycle court consomme plus.»
Peu de solutions en vue
«Le problème est identifié depuis longtemps, mais sans solution pour le moment, ajoute Christa Mutter, responsable romande de l’Agence suisse pour l’efficacité énergétique. Les appareils électroménagers sont souvent les oubliés des programmes d’incitation.» Même le label Minergie s’appliquant aux bâtiments à faible consommation énergétique ne fait que recommander l’équipement en appareils peu gourmands. Pour Michael Töngi, secrétaire général de l’Asloca Suisse, le renforcement des prescriptions légales constitue la mesure la plus simple. A sa connaissance, seuls les Services Industriels de la Ville de Zurich ont développé un programme incitatif pour les réfrigérateurs de classe A+++, en collaboration avec les propriétaires et les locataires.
En attendant des programmes incitant de grands propriétaires à mieux équiper leur parc locatif, la FRC s’est prononcée pour le renforcement des prescriptions minimales d’efficacité dans le cadre de la stratégie énergétique de la Confédération. Réfrigérateurs, congélateurs, lave-linge, séchoirs et fours y sont soumis, mais pas les lave-vaisselle. Etendre les prescriptions garantit en effet que tous les logements locatifs bénéficient de modèles économes lors du renouvellement des appareils.



