Article : Variétés «club»

Juteuses pommes de marque!

8.10.2013, Sophie Reymondin / Photo: Ewa Studio/shutterstock.com

La Pink Lady ou la Jazz sont devenues des produits de luxe, aussi standardisés que le Coca-Cola. Vendues à grand renfort de marketing, elles valent leur pesant d’or.



Avec des atours dignes d’une pom-pom girl – grain de peau parfait, charmantes rondeurs et teint rosé –, la Pink Lady joue la carte de la séduction. La belle Jazz est si croquante, alors que la Tentation attire la convoitise par son teint doré. Ces pommes de charme, qui s’implantent depuis une dizaine d’années sur les étals à grand renfort de marketing, ont un point commun: elles arborent chacune un sigle de reconnaissance très personnel – cœur rose pour la Pink Lady –, preuve qu’elles font partie d’un club très sélect.

Car elles sont bien plus que de simples variétés! Ces variétés «club», comme on les appelle dans la branche, sont des produits à haute valeur ajoutée protégés par le biais de marques déposées par des groupements d’intérêts – qui sont soit des producteurs, soit plus souvent des «metteurs en marché» – possédant dès lors le droit exclusif de les produire et de les commercialiser. Cela signifie des investissements plus élevés, en termes de licences pour les producteurs et de marketing pour les intermédiaires, avec, à la clé, des profits supérieurs. A condition que le consommateur accepte de payer jusqu’à 40% de plus (voir tableau) et que les stocks s’écoulent…

Des fruits de luxe

En effet, selon nos relevés effectués en juillet et début septembre, les variétés «club» (entre 4 fr. 95 et 7 fr./kg) sont clairement positionnées dans une autre gamme de prix que les variétés traditionnelles comme la Gala, la Golden ou la Braeburn (entre 1 fr. 50 et 5 fr./kg).

Actuellement, les «clubs» représentent 10 à 15% des ventes. «On n’a certes pas encore atteint les quantités maximales que l’on pourrait écouler, mais cela va rester un marché de niche!» estime Christian Bertholet, responsable des fruits à pépins pour la Suisse romande chez Fenaco. D’ailleurs, pour éviter d’arriver à saturation du marché et de voir les prix s’écrouler, les producteurs sont forcés de respecter des limites en termes de surfaces cultivées, imposées par leur «club».

Investissement risqué mais lucratif

L’investissement en vaut-il la chandelle? Clairement! «Sur une variété «club», les producteurs gagnent entre 1 fr. 20 et 1 fr. 30 fr. par kilo, contre seulement 80 ct. à 1 fr. sur les Gala ou les Golden», avance Danilo Christen, responsable de l’arboriculture à la Station de recherche Agroscope, à Conthey. Si l’on soustrait 1 fr. 30 des 5 fr. que coûtent en moyenne ces variétés dans les supermarchés, cela donne une idée de la part du gâteau que se partagent intermédiaires et distributeurs (soit environ 3 fr. 70 par kilo!). C’est sans compter les licences que les producteurs paient sur la valeur d’achat de l’arbre – près de 1 fr. par arbre d’une valeur de 10 fr. – pour pouvoir faire partie du club. Les risques, en revanche, sont essentiellement supportés par les arboriculteurs. «Ils doivent miser sur une variété, en sachant que leur verger mettra une quinzaine d’années à être rentabilisé, sans que personne ne leur garantisse un prix de vente», remarque Georg Bregy, directeur de Fruit-Union Suisse.

Passer deux fois à la caisse

Si les fluctuations du marché sont imprévisibles, les goûts des consommateurs peuvent être orientés. Les spécialistes du marketing l’ont bien compris, qui orchestrent chaque apparition de la Pink Lady en rayon, universelle par son calibre, sa teinte (40% de rose) et son taux de sucre. Cette uniformisation à outrance a un prix: les fruits qui n’atteignent pas ces normes strictes sont déclassés. «Du coup, pour limiter les risques, les producteurs ont tendance à traiter plutôt deux fois qu’une», estime Sabine Lubow, porte-parole de Bio Suisse. Autre problème: les nouvelles variétés sont développées dans des centres de recherche financés par nos impôts, mais les variétés deviennent ensuite des produits très chers, exploités par les industriels. «Le consommateur passe donc deux fois à la caisse!» dénonce Aline Clerc, responsable Agriculture et Environnement à la FRC. Enfin, avons-nous vraiment envie que la nature soit brevetée et que ses fruits deviennent des produits aussi standardisés que le Coca-Cola?

Voir le marché de la pomme en chiffre

Voir le cycle de naissance d’un variété de pomme

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)