28.2.2018, Sandra Imsand / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Une intervention rapide sur une terrasse se solde par une facture bien trop salée. Le devis n’indiquait aucun montant.
«Nous sommes spécialisés dans le nettoyage des dalles de terrasse. Pouvons-nous vous proposer nos services?» En acceptant cette offre, Michel Longchamp était loin de se douter dans quel pétrin il se fourrait. Ce retraité vaudois a fait confiance à des démarcheurs venus sonner à sa porte et a signé un document sur lequel aucun montant n’était indiqué. Après trois heures de travaux, la personne articule le coût de la prestation: 4000 francs pour une surface de 15 m2! Douche froide pour le senior, et l’impression de s’être fait rouler.
Des détails suspects
Comme l’entreprise veut revenir deux semaines plus tard pour l’encaissement, Michel Longchamp fait appel à son fils afin de le sortir de ce guêpier. Ce dernier effectue des recherches sur la société dont le nom est indiqué sur le document et fait des découvertes surprenantes. «Le site internet fait plutôt professionnel. En revanche, en creusant un peu, j’ai mis le doigt sur des éléments qui m’ont mis la puce à l’oreille», explique Sébastien Longchamp.
Pour commencer, sur le formulaire, le numéro de téléphone, avec un indicatif en 021, est inscrit à la française, en assemblant les chiffres deux par deux. Par ailleurs, l’adresse indiquée renvoie à une entreprise qui sert de secrétariat ou de messagerie à d’autres sociétés. Pas très sérieux. «Ces gens ont voulu tirer avantage de l’âge et de la gentillesse de mon père.»
Il demande à l’entreprise de rénovation de détailler la facture au vu du montant exorbitant, argumentant que sur le site web, elle propose le démoussage à 10 francs le mètre carré. On lui répond alors qu’il s’agit d’une offre d’appel pour une foire, qui n’a rien à voir avec les travaux effectués chez son père où des produits coûteux auraient été utilisés. Mais quand il s’agit d’obtenir le détail, l’interlocuteur se perd en explications fumeuses. «Ce sont des tentatives pour nous embrouiller», commente le Vaudois. Il propose alors de couper la poire en deux et de verser 2000 francs, à condition d’obtenir une facture détaillée.
Sébastien Longchamp prend conseil auprès de la FRC. Celle-ci recommande de payer la somme qui lui paraît juste selon le travail effectué et de préciser à l’interlocuteur qu’il sera poursuivi pour dol, usurpation d’identité et méthodes déloyales s’il entend l’attaquer pour le solde impayé de la facture. En effet, au vu des événements précédents, il y a de forts doutes sur le sérieux de la société et sur l’appartenance des interlocuteurs à l’entreprise.
Ne pas s’engager à la légère
Ainsi, quand celui qui se présente comme le directeur de l’entreprise vient encaisser la facture, Sébastien Longchamp exige une pièce d’identité pour savoir qui se trouve véritablement en face de lui. Devant l’incapacité de l’homme à fournir une telle preuve, Sébastien Longchamp déclare qu’il songe à le dénoncer et informe de son intention d’appeler la police. Une situation qui a l’air d’intimider le personnage, qui accepte 1500 francs pour solde de tout compte.
Pour les Longchamp, l’affaire s’est bien terminée. Mais elle aura servi de leçon. «Cela semble aller de soi, mais il ne faut jamais signer de devis dans lequel ne figure aucun montant, explique Valérie Muster, responsable de FRC Conseil. Ce document est un contrat d’entreprise selon le Code des obligations.» Voilà qui est dit, si vous songez à mandater quelqu’un pour vos nettoyages de printemps…



