8.10.2013, Pascal Vermot / Le degré du confort? 20° C dans les pièces à vivre et 18° C dans les chambres à coucher. Photo: sergeevspb/shutterstock.com

Les consommateurs sont inégaux devant les prix du gaz. Selon leur commune, les particuliers paient leur facture annuelle du simple au double. Eclairage.

Bon marché, le gaz domestique? Tout dépend de la commune dans laquelle vous habitez. Quelques clics sur l’outil comparatif mis à disposition sur le site de Monsieur Prix suffisent à s’en convaincre. Si vous êtes un particulier, vous avez tout intérêt à résider en Valais ou à Genève plutôt que dans le Jura ou dans le canton de Fribourg. En terres vaudoises, les prix du gaz sont plus d’un quart plus élevés que la moyenne suisse.

Au sein même du canton de Vaud, les disparités sont criantes: à Aubonne, vous payez votre gaz 7 ct. 72 par kilowattheure, alors qu’à Gland, situé à quelques kilomètres de là, le montant se hissera à 11 ct. 98. Soit une différence de 55%! Comment Aubonne s’y prend-elle pour atteindre ce plancher? «La structure de nos Services Industriels est légère. Nos frais généraux sont donc plus faibles que ceux des Services Industriels de Lausanne (SIL), par exemple», explique Luc-Etienne Rossier, syndic. La Commune de Gland, dépendante des SIL, n’a pas la même latitude.

Facturation, un casse-tête

Sur le papier, la facturation du gaz relève du casse-tête. Le prix final dépend globalement de trois éléments: le montant de l’abonnement, la consommation d’énergie proprement dite et la puissance de l’installation chez le client. L’abonnement est fixé par type de consommateurs, un habitant d’une maison individuelle ne payant pas le même prix qu’un gros industriel. Si la consommation correspond à l’énergie effectivement utilisée, mesurée au compteur en mètres cubes et exprimée sur la facture en kilowattheures (kWh), les clients s’acquittent, sans même le savoir, de frais de gestion et d’entretien du réseau, cachés dans le prix de l’abonnement et le calcul relatif à la puissance nominale.

C’est ce savant mélange que la FRC dénonce. «Il n’est pas normal que les consommateurs ne disposent pas d’une structure tarifaire claire, distinguant le coût de l’énergie du coût d’entretien et d’utilisation du réseau. Ce dernier ne devrait pas être à leur charge», tonne Jean-Marc Revaz, président de la Commission Energie et Environnement. Sans compter que beaucoup de fournisseurs pratiquent des tarifs différenciés entre le gaz de chauffage et le gaz de cuisson…

La situation est suffisamment obscure pour que Monsieur Prix décide de l’examiner de plus près. En 2012, une première enquête effectuée auprès de cinq fournisseurs locaux a montré que la structure même du réseau, organisée en une cascade de distributeurs, aboutissait à un renchérissement des prix finaux. «Des prix élevés ne sont pas forcément des prix abusifs, nuance Stefan Meierhans. Mais il est clair que les coûts d’entretien du réseau alourdissent la facture des consommateurs, surtout si le réseau compte peu de clients industriels ou produit peu de gigawattheures par kilomètre.»

Contrairement à celui de l’électricité, le marché du gaz n’est soumis à aucune loi particulière. Fournisseurs et distributeurs peuvent donc pratiquer les prix qu’ils veulent. Seul garde-fou: souvent en mains publiques, ces entreprises sont soumises au pouvoir politique. Les citoyens peuvent faire appel à leurs élus pour pester contre des prix trop élevés. Difficile toutefois pour les habitants de Gland, puisque cette décision est du ressort… des Lausannois.

Comparatif de Monsieur Prix sur prixgaz.monsieur-prix.ch