29.3.2011, Anne Onidi
Bon nombre d'oeufs vendus dans le commerce doivent leurs teintes à des composés suspects. Autant les éviter, puisque la nature offre des alternatives
Rose, jaune doré ou arc-en-ciel: depuis le mois de février déjà, les étals d’oeufs des supermarchés prennent des allures d’échoppes de bonbons. Et ils n’en empruntent pas que l’apparence, mais aussi la composition. Car si la liste d’ingrédients ne les mentionne pas, les colorants utilisés pour teindre les oeufs sont identiques à ceux de bon nombre de friandises ou de boissons sucrées.
Substances incriminées
Des études démontrent l’effet néfaste que peuvent avoir certains additifs sur la santé. Les colorants azoïques par exemple (lire liste ci-dessous) sont suspectés de provoquer des allergies et de favoriser l’hyperactivité chez les enfants. Depuis juillet 2010, les produits contenant des colorants de cette famille portent, dans toute l’Union européenne, la mention « peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ». Pour l’heure, l’Office fédéral de la santé publique n’envisage pas d’appliquer cette mesure, jugeant les preuves scientifiques actuelles contestables. Néanmoins, la FRC recommande d’éviter ces colorants. Même sur les coquilles d’oeuf? Oui, car les teintures naturelles existent et devraient avoir la préférence du chaland. Sauf que les fabricants, eux, ne l’entendent évidemment pas de cette oreille. Ils auraient même tendance à ne les utiliser que lorsque la loi les y oblige!
Le bio sauve la donne
Dans ces conditions, pour quelles variétés d’oeufs teints opter si l’on souhaite se passer de substances douteuses? Aucune des sept barquettes achetées chez Coop, Denner et Migros n’énumère les colorants dans sa liste d’ingrédients. Nous avons donc interrogé les distributeurs. « Dans le cas des oeufs, les colorants ne sont pas considérés comme des additifs, car seule la partie non consommable de l’oeuf est touchée. La loi n’exige pas leur déclaration sur l’emballage « , explique Sabine Vulic, porte-parole de Coop. Les listes d’ingrédients que les trois enseignes nous ont communiquées sont sans appel: les colorants alimentaires utilisés font presque tous partie des additifs à éviter. Dans le lot, le jaune de quinoléine (E104), le jaune orangé (E110), l’erythrosine (E127) et le bleu patenté (E131) ont tous déjà provoqué des symptômes indésirables chez l’être humain. Seuls les oeufs de Pâques suisses Naturafarm de Coop doivent leurs teintes à des additifs d’origine naturelle (curcuma et paprika, entre autres). Il faut dire que les produits biologiques ne peuvent pas, selon la législation, contenir de colorants artificiels…
Le charme discret des couleurs maison
A Pâques, le meilleur moyen de sonner les cloches aux grandes enseignes, c’est de leur poser un lapin en teignant les oeufs soi-même. On acquiert ainsi le plaisir de perpétuer une tradition vieille de plus de mille ans. A cette époque, au Moyen-Age, il était interdit de manger des oeufs pendant le Carême. On se retrouvait donc à Pâques avec un stock important, que l’on s’est peu à peu offert sous forme peinte. Les épices, les fleurs et les légumes contiennent des pigments capables de conférer aux coquilles blanches des teintes subtiles. En plus des oignons traditionnels, la nature a doté certains hôtes de nos placards et de nos frigos de talents de coloristes (lire ci-dessous). Le résultat évoque plus la poésie des sous-bois que les rayons de bonbons. Cela a son charme et rend la course aux oeufs encore plus difficile…
