12.6.2014, Nicolas Berlie
Enfin, en cette date fatidique du 12 juin, débute l'événement que vous attendez tous: la Pinte du monde 2014!
Personne n’est dupe. On a beau nous faire croire que le football est, dès aujourd’hui, au centre du monde, que tous les yeux sont rivés sur 22 énergumènes s’époumonant après un ballon, ce n’est un secret pour personne. Le vrai enjeu de ce Mondial, c’est: est-ce que j’ai assez de bières au frigo.
Partant de ce constat, la FRC a décidé de lancer le premier Mondial de la bière: une compétition de haute-volée où la mousse remplace Messi et où – on vous le glisse en « spoiler »- les Espagnols ne gagnent pas forcément…
A la chasse aux blondes
Méthodologie: il s’agissait d’opposer les bières de base, autrement dit, les bières les plus bues dans chaque pays. Exit donc les bières spéciales, artisanales, gueuzes et autres trappistes: l’héroïne du jour, c’est la blonde, la lager, brassée selon la sacro-sainte Reinheitsgebot, le « décret sur la pureté de la bière ». De l’eau, du houblon, de l’orge. Punkt. Avec quelques menues entorses, puisque certaines nations ont des goûts sensiblement différents: en Angleterre notamment, la bière de base, la star des pubs, c’est l’ale, plus sombre, plus houblonnée.
Il a fallu ensuite réunir les concurrentes. Une gageure, notamment pour certaines bières africaines et sud-américaines, pas évidentes à trouver en Suisse. On ne mentionnera même pas le cas iranien: alors que c’est dans cette zone qu’on trouve la plus ancienne preuve d’une bière brassée, en 3500 avant Jésus-Christ, le pays ne consomme (officiellement) que de la bière sans alcool. Disqualification d’entrée.
Au final, nos valeureux dénicheurs de talents ont mis la main sur 23 bières (sur les 32 pays en lice dans l’autre compétition). 23 bières, 23 nations, qui ont été placées dans les mêmes groupes que le Mondial brésilien. Et qui ont été goûtées en aveugle par un panel d’amateurs et de professionnels, notées et classées. Les 8 bières les mieux notées ont été sélectionnées pour les quarts de finale. Mais pour le plaisir, nous reprenons l’organisation en groupes du Mondial, et vous dévoilons aujourd’hui les résultats des premiers matchs, soit le groupe A (Brésil, Croatie, Mexique et Cameroun) et le groupe B (Espagne, Pays-Bas, Chili, Australie). Avec des surprises à la clé.
Groupe A
Brésil vs. Croatie
A ma gauche, la Skol brésilienne, à ma droite la Karlovačko croate. Le Brésil, pays organisateur et quintuple champion du monde, ne fera-t-il qu’une bouchée du petit Poucet des Balkans? Cruelle désillusion: la Skol, « plate », « sans arôme », ne séduit pas nos goûteurs. A l’inverse de la Karlovačko, « légère mais agréable », qui remporte haut le coude l’épreuve.
L’anecdote: la Skol a été lancée en 1959 par un consortium de quatre brasseurs canadien, britannique, suédois et belge. L’idée: en faire une bière « globale », capable d’arroser le monde. Une stratégie peu payante, même si la Skol est brassée un peu partout dans le monde sous licence. Ce n’est qu’au Brésil qu’elle s’est réellement imposée comme la bière la plus populaire du pays.
Mexique vs. Cameroun
Bière légère par excellence, la Corona affronte l’Isenbeck camerounaise. Sans son citron, la bière mexicaine ne trouve pas grâce aux papilles de nos testeurs: « aucun goût », voire « mauvaise ». En revanche, l’Isenbeck, brassée à Douala, réjouit: une « bonne bière ».
Classement final du groupe:
Match à couteaux tirés entre Brésil et Mexique, remporté d’un cheveu – tirs au but – par ce dernier. Démotivé, le pays organisateur subit ensuite la loi des Lions camerounais. La Skol finit dernière du groupe A. Le Brésil est éliminé d’entrée!
Troisième, et également recalé, le Mexique et sa Corona.
Le match pour la première place se joue donc entre Cameroun et Croatie. Un match serré, remporté par les Africains. L’Isenbeck et la Karlovačko se classent respectivement 1ère et 2e. L’aventure continue pour elles!
- Isenbeck / Cameroun
- Karlovačko / Croatie
- Corona / Mexique
- Skol / Brésil
Groupe B
* Nous n’avons mis la main que sur trois bières sur quatre dans ce groupe comptant l’Espagne, les Pays-Bas, l’Australie et le Chili. Pas de bière chilienne trouvable dans les commerces romands.
Espagne vs. Pays-Bas
Le choc au sommet des bières normalisées: qui de la San Miguel ou de l’Heineken remportera le pompon? Un match particulièrement ennuyeux dont l’Espagnole sort vainqueuse: jugée « bonne », avec une « légère acidité », elle bat une bière néerlandaise à laquelle certains trouvent un goût « métallisé ».
L’anecdote: les esprits tatillons relèveront que la San Miguel n’est pas, à l’origine, une bière espagnole, puisque la brasserie du même nom a été fondée en 1890 aux Philippines. La San Miguel arrose d’ailleurs toute l’Asie. Mais la brasserie San Miguel, Fábricas de Cerveza y Malta, S.A, indépendante de sa parente philippine (même si le logo est identique), a été fondée dans les années 50 à Madrid, suite à un accord entre San Miguel Corporation et le brasseur castillan Mahou.
Australie vs. Pays-Bas
L’honneur est sauf pour les Bataves, qui remportent leur deuxième match face à la Victoria australienne: cette ale, jugée « crémeuse », avec un « goût prononcé d’alcool », ne séduit pas nos palais.
Classement final:
- San Miguel / Espagne
- Heineken / Pays-Bas
- Victoria Bitter / Australie
Espagne et Pays-Bas finissent aux deux premières places de ce groupe B tronqué, mais engrangent des notes insuffisantes pour continuer leur course. Ils sont éliminés.
Prochains matches le 17 juin
