8.3.2022, Aude Haenni
Les pénuries actuelles n’offriront pas d’opportunité aux produits peu esthétiques.
«Il y a deux ans, la population faisait des stocks à cause de la pandémie. Mais c’est en 2021 qu’il aurait fallu réagir!» La prise de conscience arrive trop tard. Au supermarché, on trouve de plus en plus d’importations pour certains légumes de garde, à l’image des patates bio chez Coop. Michael Dusong, à la tête de Ugly Fruits (littéralement fruits moches), risque d’être impacté lui aussi. «Les champs ont été inondés par un été affreux. Une partie sera utilisable, mais on ne va pas y couper… C’est idiot, en même temps, on vend des pommes de terre non calibrées, pas des pourries!»
Si le moche fait partie d’une solution à long terme, cela n’aide pas face à une réelle pénurie. Pour autant qu’il y en ait une. «Il faut savoir qu’une variété annoncée comme épuisée dans le commerce de gros peut être disponible en vente directe chez un producteur, signale un membre de l’Association romande du marché paysan. C’est le cas des pommes boskoop et des poires.»
Les denrées hors normes ne seront probablement pas valorisées pour autant. «Un producteur tient lui aussi à proposer de beaux produits de qualité constante. Cela étant, un aspect visuel ou un calibre inférieur pourraient être compensés par un argument de fraîcheur et de proximité.» Les clients peuvent participer à faire pencher la balance du bon côté.
