Article : Consommation durable

La neutralité climatique a la cote

28.2.2017, Laurianne Altwegg

Aldi a rejoint la démarche d’autres distributeurs. Est-on face à de belles paroles ou à un engagement réel?



Peu claire pour le consommateur, la notion de neutralité climatique. Elle implique de ramener l’empreinte carbone de l’entreprise à zéro en réduisant ses gaz à effet de serre, en limitant sa consommation d’énergies fossiles et/ou en investissant dans des projets certifiés de protection du climat (p. ex. myclimate) en guise de compensation. Aldi est notamment passé au courant vert depuis 2014 et a opté pour des réfrigérants plus écologiques, réduisant ainsi son empreinte de 40% par rapport à 2012. De son côté, Lidl a mis en place un système de gestion du CO2 dans le but de réduire ses émissions de 20% d’ici à 2020.

Coop et Migros ont opté pour des programmes plus ambitieux depuis le début des années 2000. Mais si les distributeurs ne manquent pas de superlatifs pour qualifier leur stratégie climatique – Aldi parle d’«idée visionnaire» et Coop d’«approche révolutionnaire » –, dans les faits la situation est très différente d’un groupe à l’autre et les objectifs pas toujours aussi ambitieux qu’il y paraît. Comme le confirme la recherche menée par Rémi Schweizer et Johann Dupuis dans le cadre du Programme national de recherche 69 et d’un mandat pour l’OFEV, certaines mesures volontaires vont effectivement au-delà de ce qui est exigé par la loi, d’autres en revanche ne sont que l’application de nouvelles normes légales auxquelles les entreprises sont obligées de se conformer. C’est le cas de l’interdiction des gaz CFC et HCFC qui a poussé Coop et Migros à utiliser le CO2 comme fluide frigorigène.

Surtout, l’objectif de neutralité climatique est loin d’être mû uniquement par un souci environnemental, car ce type de stratégie peut rapporter gros. D’abord, en définissant des objectifs reconnus par la Confédération qui permettent une exemption de la taxe CO2. Ensuite, en améliorant les infrastructures existantes (réfrigération, éclairage LED, etc.), engendrant des économies d’énergie importantes et des diminutions drastiques des frais. Finalement, en touchant une clientèle sensible aux questions environnementales grâce à une communication massive sur ce thème. Sans compter que la mise en place précoce de ces stratégies a permis aux groupes orange de prendre l’avantage sur leurs concurrents et d’anticiper les nouvelles normes légales.

Quelles que soient les motivations, ces démarches restent louables. Toutefois, elles ne rendent pas la grande distribution verte pour autant: elles ne concernent que l’entreprise elle-même et non son assortiment de produits. Or, c’est là que se trouvent la majorité des atteintes à l’environnement et au climat, ainsi que les attentes d’une part croissante des consommateurs. Rares et timides sont les mesures prises pour limiter ou exclure les produits les plus problématiques. Comme l’acte N° 97 de la stratégie durabilité de Coop qui l’engage tièdement à «réduire» les importations par avion d’asperges, à «renoncer» aux actions sur des produits écologiquement contestables et à «vendre plutôt» des produits de saison. Une dernière assertion qui fera s’étrangler plus d’un client au vu de l’utilisation souvent galvaudée du terme «saison» dans les rayons.

Quid des labels climatiques?

Dans les rayons, les labels identifiant spécifiquement certains produits sur la base de critères de protection du climat sont rares. Les deux géants orange s’y sont essayés avec «By Air» ou «Climatop», mais ont rapidement conclu que la démarche était peu compréhensible pour la clientèle. Un avis que partage partiellement la FRC pour qui d’autres volets de durabilité devraient être pris en compte pour donner des informations exhaustives au client. Malheureusement, comme le notent Rémi Schweizer et Johann Dupuis, «tant Coop que Migros se sont montrés régulièrement opposés à un encadrement public de l’étiquetage environnemental afin de préserver leur marge de manœuvre sur ce point».

Malgré ces réticences qui entravent la transparence des produits pour le client, Coop et Migros ont su trouver un partenaire de choix pour améliorer leur image en s’alliant au WWF. En retour, l’ONG bénéficie de financements de l’ordre de 2 à 6 millions par an pour ses projets. Une alliance qui, du point de vue de la FRC, affaiblit le rôle critique que devrait jouer le WWF dans le domaine, tout comme la crédibilité des démarches des mastodontes de la grande distribution. La FRC continuera ainsi de lutter pour voir apparaître un écolabel transparent et indépendant qui permette au consommateur de choisir en toute connaissance de cause.

Labels «CO2»: rares et peu compréhensibles

COOP | Marque de Coop identifiant les produits importés par avion pour lesquels les émissions de CO2 sont compensées.

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MIGROS | Label indépendant utilisé par Migros pour identifier les produits les plus respectueux du climat dans un groupe de produits.

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Interpellation des grands distributeurs

 
Nous demandons aux distributeurs

  • cesser le marketing agressif sur les fraises, mais également sur d’autres denrées hors saison, que ce soit en rayon ou dans les différentes publications destinées à vos clients (catalogues, magazines, journaux, newsletter, etc.) ;
  • renoncer à disposer les fraises espagnoles aux endroits stratégiques de vos points de vente, à savoir en face de l’entrée, sur des ilots dédiés, ou en tête de gondoles ;
  • ne pas recourir à des mises en scène pour vendre la fraise hors saison (à savoir jusqu’en avril), en l’associant par exemple à de la crème et des tartelettes. Une demande valable aussi pour d’autres denrées, comme les asperges du Pérou associées à de la mayonnaise, viande séchée ou autre ;
  • indiquer clairement, de manière bien visible et transparente le pays de provenance ainsi que les noms des producteurs de fraises importées, que ce soit sur les affichettes qui accompagnent ces fruits en rayon, dans les publicités ou sur le dessus des barquettes ;
  • ne plus utiliser de formulations qui peuvent induire en erreur le consommateur sur la saison de la fraise en Suisse. Une demande valable pour la mise en rayon, ainsi que toute publication ;
  • être en mesure de prouver toute allégation de durabilité concernant l’assortiment.

Les dates de la tournée romande #Ramènetafraise

29.05.21Marché de Boudry (NE)
01.06.21Marché de Neuchâtel (NE)
02.06.21Marché de La Chaux-de-Fonds (NE)
04.06.21Marché de Fleurier (NE)
05.06.21Gare de Lausanne (VD)
12.06.21Gare de Genève (GE)
08.06.21Place fédérale (BE)
12.06.21Marché de Delémont (JU)
15.06.21Gare de Delémont (JU)
19.06.21Marché de Fribourg (FR)
27.09.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
28.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
29.08.21Festi’Terroir Genève (GE)
29.08.21Objectif Terre Lausanne (VD)
09.09.21Semaine du goût Sion (VS)
25.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
26.09.21Concours suisse des produits du terroir Courtemelon (JU)
05.10.21Les Jardins du Flon, à Lausanne (VD)
16.10.21Epicerie fine Côté Potager, à Vevey (VD)