25.3.2020
La réflexion de Sophie Michaud Gigon, Secrétaire générale de la FRC
D’étape, certes, mais victoire tout de même. Et inattendue dans son ampleur, ce qui dans le monde politique mérite d’être relevé, tant cela arrive rarement en faveur des consommateurs. Le succès s’explique par une coalition d’élus qui s’est révélée large, convaincante et soudée. Le National a donc, contre l’avis du Conseil fédéral, plébiscité durant cette session un projet pour lutter contre l’îlot de cherté suisse. Un problème tenace qui affecte en première ligne consommateurs, PME, hôpitaux, agriculteurs et commerce de détail, lequel se plaint du tourisme d’achat.
A la FRC, nous ne nous battons pas simplement pour des prix bas, car toute production a un coût qu’il est légitime de payer. En revanche, les prix surfaits, injustement ou arbitrairement gonflés, profitant du pouvoir d’achat suisse, réveillent ma fibre combative. C’est donc avec conviction que je me suis exprimée durant le débat en plénum de la Chambre du peuple.
La dernière semaine de session s’annonçait chargée pour les proconsommateurs…
Les entreprises suisses qui s’approvisionnent à l’étranger doivent pouvoir contourner les intermédiaires imposés par des firmes étrangères majorant exagérément leurs prix. Dans le secteur hospitalier, on chiffre cette forme de «taxe suisse» à 600 millions de francs par an. Vu nos difficultés à diminuer les coûts de la santé et la hauteur de nos primes d’assurance-maladie, la situation est aberrante. Idem pour l’hôtellerie-restauration, qui lutte contre la concurrence et achète matelas ou boissons deux fois plus cher que ses homologues autrichiens ou italiens. La branche pourrait mettre l’argent économisé grâce à la révision de la Loi sur les cartels dans le salaire de ses employés et dans des investissements utiles et responsables pour l’environnement. Que les jeunes familles doivent payer des couches pour bébé le double des prix pratiqués France ou en Allemagne est incompréhensible alors qu’il s’agit des mêmes produits sans plus-value de qualité, sans standards écologiques ou sociaux qui renchériraient les prix pour de bonnes raisons.
Si l’initiative «Stop à l’îlot de cherté – pour des prix équitables» n’a pas passé la rampe, le contre-projet a été, lui, largement soutenu. Même en ce qui concerne la discrimination géographique par les prix, le Parlement nous a suivis en choisissant d’interdire le geoblocking, ce qui pour le consommateur aura un impact certain. Si le Conseil des Etats suit le National ces prochains mois, l’initiative sera retirée et la victoire dignement fêtée.


