29.9.2015, Joy Demeulemeester / Photo: Jean-Luc Barmaverain

Au-delà de 40 ans, les assureurs décrètent parfois qu’on est trop vieille pour faire des bébés.

Il était une fois un charmant conducteur de train, Arnaud. Il chevauchait, solitaire, un cheval de fer, jusqu’au jour où son regard tomba sur Gabriela, assise, non dans son palais, mais dans la salle d’attente de la gare de La Plaine (GE). Subjugué, mais un chouïa timide, il mit trois ans avant d’oser lui dire bonjour. Elle avait alors 36 ans, lui 35. Et comme dans toute belle histoire, ils vécurent heureux… mais eurent quelques difficultés à avoir des enfants.

Heureusement, la science vient aujourd’hui au secours des contes de fées. Une stimulation hormonale permit à Gabriela d’avoir son premier enfant à 39 ans, Mathis. Un heureux événement dont la conception et la potion magique hormonales furent prises en charge par Assura.

Début 2015, le couple souhaite agrandir la famille. Gabriela a désormais 41 ans. Il faudra de nouveau recourir à une stimulation hormonale, mais aussi à une insémination artificielle. Pour augmenter les chances de succès, leur explique la gynécologue. La première insémination échoue, mais, après la seconde, Gabriela attend un nouvel heureux événement. Bonheur dans la chaumière.

La partie administrative de l’histoire est forcément moins romantique: Assura refuse cette fois de prendre en charge les frais, soit quelque 2500 francs. Motif: dès 40 ans, le traitement de la stérilité ne répond plus aux critères d’efficacité, d’adéquation et d’économicité. Choqué, Arnaud écrit à la FRC pour demander conseil, avec raison.

L’assurance-maladie de base prend en charge l’insémination intra-utérine, et les patientes ont droit à, au maximum, trois cycles par grossesse, précise l’Ordonnance (OAMal). Comprenez trois tentatives par bébé. Le remboursement n’est pas lié à une limite d’âge, mais, comme toute autre prestation de la LAMal, elle doit être, comme l’a écrit Assura, efficace, adéquate et économe (LAMal, art. 32). Or, plus la femme est âgée, moins l’insémination a des chances de réussite, raison pour laquelle certaines compagnies refusent parfois de prendre en charge ces traitements dès 40 ans.

Dans le cas de Gabriela, sa seconde grossesse prouve qu’à 41 ans l’insémination a été efficace. Aussi le couple a-t-il présenté ses arguments à l’assureur, et Assura est revenue sur sa décision. Happy end et carnet rose pour le début de 2016.