20.1.2015, Nicolas Berlie / Avec la 4G (dite aussi LTE), la vitesse de téléchargement augmente drastiquement. Et avec elle, le risque de dépassement du forfait "data". Photo Shutterstock / lexander Supertramp
Télécharger plus vite, cela signifie souvent consommer plus de données. Le risque est alors d'exploser son forfait "data".
La 4G – dite aussi LTE – est de plus en plus répandue en Suisse, suite aux lourds investissements des opérateurs. De même, de plus en plus de smartphones la prennent en charge. Mais cette adoption ne va pas sans quelques maladies de jeunesse.
La 4G permet un débit (théorique) dix fois plus élevé que la 3G en téléchargement. Du coup, télécharger une vidéo ou de la musique devient plus beaucoup plus rapide. Revers de la médaille: on risque de précocement dépasser son forfait. Une mésaventure survenue à une adhérente de la FRC. Cliente d’Orange, elle a vu sa facture exploser lors du premier mois d’utilisation de son iPhone 5. Le Gb de données compris dans son abonnement (Young Star, 29 francs par mois) n’a pas tenu le choc longtemps: au final, ce sont 2,7 Gb qu’elle a téléchargé en un mois, avec un surcoût de 169 francs pour les seules données.
Selon la porte-parole d’Orange, Thérèse Wenger, c’est bien la 4G qui est en cause: « Avec le réseau 4G, il est fort possible de télécharger beaucoup de Mb en un seul jour si on ne fait pas attention », met-elle en garde. Comme exemple, elle cite la mise à jour des applications.
Ce que conteste justement notre adhérente, qui dit avoir fait très attention, et n’avoir pas changé ses habitudes. Par exemple, elle a attendu d’être chez elle, connectée en wi-fi, pour regarder des vidéos. Réponse d’Orange: « Il ne suffit pas de se connecter au wi-fi, car il peut arriver que le signal 3G ou 4G soit plus fort. Puisque le portable cherche toujours le meilleur signal, il bascule. »
Pas un cas isolé
Le cas de notre adhérente ne semble pas isolé, à en croire ce fil de discussion sur le forum d’Orange. Nous avons donc soumis les explications de l’opérateur à nos confrères belges de test-achats.be, spécialisés dans le test de smartphones.
Tout en admettant que le quota de téléchargement est plus vite atteint avec la 4G, Tanguy Bocquet souligne aussi qu’une plus grande vitesse de téléchargement n’entraîne pas mécaniquement un plus gros volume de données téléchargées: « Si on consulte des e-mails ou Facebook, la même quantité de données sera téléchargée, simplement plus vite. Il n’y aura donc pas plus de données consultées. La différence provient du téléchargement de photos et surtout de vidéos en haute qualité. » Quant aux mises à jour d’applications, iOS limite le téléchargement à 100 Mb. Au-delà de cette valeur, il demande à l’utilisateur de se connecter en wi-fi.
La prudence est donc de mise avec les contenus lourds, comme les vidéos. Pour autant, l’explication d’Orange n’est pas satisfaisante. Tanguy Bocquet ajoute: « Si on est connecté au wi-fi, l’appareil reste en wi-fi, il ne passera pas en données mobiles, même si le signal est plus fort. Ce qui est possible, c’est que la personne soit tout à coup hors de portée du signal wi-fi, et que la connexion mobile se mette dès lors en route ». Pas besoin d’être très loin: le simple fait d’avoir quelques murs entre le modem et le smartphone peut suffire à couper le signal. Par contre, insiste Tanguy Bocquet: « Si l’icône wi-fi est affichée, il est impossible que l’appareil soit en 4G. »
La consommation progresse
Selon des chiffres de Cisco, les utilisateurs iOS consommaient 652 Mb par mois en moyenne en octobre 2011, à l’époque de l’iPhone 4S et de la 3G. En septembre 2012, avec la sortie de l’iPhone 5 et l’arrivée de la 4G, la consommation moyenne augmente à 960 Mb. En septembre 2013, la consommation passe à 1,2 Gb (sortie du 5S). Un rythme de progression qui devrait encore s’accentuer avec l’iPhone 6, qui propose un plus grand écran, et donc un meilleur confort de visionnage pour les vidéos. « Puisqu’il est devenu techniquement plus aisé d’écouter de la musique, de regarder des vidéos sans coupures, ni ralentissements, la tendance générale est d’accéder à ces contenus plus souvent – même sans avoir l’impression d’avoir drastiquement changé ses habitudes de consommation », relève Elvira Bruggmann, chargée de communication chez Orange.
Ces statistiques laissent donc augurer une augmentation des problèmes de forfaits dépassés. Particulièrement chez Orange. En effet, les clients de Swisscom peuvent dormir tranquille, puisque le géant bleu inclut les données illimitées dans ses forfaits, de XS à XL. Et Sunrise a récemment augmenté son quota de données pour son offre RELAX (65 francs par mois), doublant le volume de 5 Gb à 10 Gb par mois.
Orange dit s’efforcer « d’améliorer [ses] offres constamment, notamment en ce qui concerne le contrôle des coûts et de la consommation des données ». « Globalement on observe qu‘aujourd’hui, avec un smartphone de la nouvelle génération (type iPhone 5), 1 Gb n’est plus forcément suffisant pour 1 mois d’utilisation », ajoute Elvira Bruggmann. Quand l’opérateur entend-t-il alors réagir en adaptant son offre à cette nouvelle réalité?



