4.12.2012, Henry Plouïdy / Pour qui roule peu, et en agglomération, une voiture diesel est un mauvais choix. Photo: Luna Vandoorne/shutterstock.com

Les moteurs à auto-allumage séduisent. Mais ce choix est-il une alternative économique et écologique à l’essence ? Enquête.

Près de 20% du parc automobile suisse carbure au diesel. Ce chiffre, qui émane des statistiques 2011 du TCS, est en progression constante. Cette année, en effet, plus du tiers des nouvelles immatriculations sont des modèles à auto-allumage. Argument massue en faveur de ce type de moteur: un rendement supérieur de 35% à celui des voitures à essence, selon l’Association Transports et Environnement (Ecomobiliste 2009), et par conséquent des économies de carburant et de CO2 à la clé. D’autre part, le moteur diesel offre beaucoup de couples – sa capacité à accélérer la masse du véhicule – dès les bas régimes.

Particules de suie incriminées

Sur le papier, ces faits paraissent idéaux pour préserver les ressources en énergie fossile et l’environnement. Cependant, la combustion du gazole génère une multitude de substances nocives, dont les fameuses particules de suie. En Suisse, où il n’y eut jamais d’incitation fiscale pour promouvoir ce carburant, contrairement à certains pays limitrophes, neuf voitures particulières diesel sur dix sont équipées d’un filtre à particules, rendu obligatoire depuis 2011.

Ce dernier capte 99,9% des particules de suie, que l’OMS a classifiées cette année comme faisant partie de la catégorie 1 des cancérigènes, soit la plus dangereuse qui soit pour l’organisme! Dans l’ensemble, selon des statistiques établies en 2006 par l’Office fédéral de l’environnement, les véhicules diesel n’étaient alors responsables que de 10% de l’émission de particules fines. Reste 0,1% de nanoparticules, dont la dangerosité fait débat dans les milieux scientifiques.

Avantage économique discutable

Malgré ce filtre, les gaz d’échappement restants ne sont pas propres pour autant. Selon Jacques Schiltknecht, membre des Médecins en faveur de l’environnement, ils contiennent aussi des gaz nitriques (NO, NO2, NOx) qui affectent le système respiratoire: asthme, bronchite chronique, etc. Il ajoute qu’une voiture diesel n’est fréquentable que si elle est équipée d’un filtre à particules – ce qui devrait, par ailleurs, aussi être le cas pour les plus récents moteurs à essence à injection directe, note le médecin –  et d’un catalyseur à NOx. Une obligation répondant à la future norme Euro 6, en vigueur pour tous les véhicules neufs dès le 1er septembre 2015.

Enfin, l’avantage économique d’un moteur diesel est discutable: plus coûteux à produire, il renchérit le prix des voitures de 2000 francs en moyenne, surcoût qui s’ajoute au prix du carburant, de 10% plus élevé. Selon le magazine alémanique Auto Illustrierte paru le 16 novembre, aucune voiture diesel parmi 10 modèles populaires n’est rentable en dessous de 15 000 km par an. Et parmi celles-ci, seules trois constituent un choix économique évident, l’une d’elles après une utilisation de cinq ans…

Deux conclusions: si l’on roule peu, et en agglomération, une voiture diesel est un mauvais choix. Et si votre véhicule n’est pas équipé d’un filtre à particules, il vaut la peine d’envisager d’en installer un. De grandes villes, comme Santiago du Chili, ont équipé a posteriori toute leur flotte de bus diesel. Ils sont jugés parfaitement efficaces.